Je me souviens de Mercure,
noire à mes yeux mais au coeur chatoyant.
Tu croîs dans mes entrailles
en glissant tes bras dans les miens
tes doigts dans les miens
Mercure qui m'atteint
m'attise et me murmure,
oui, nous nous souvenons de Mercure.

Je me souviens de Io,
qui se jette aux regards en rivant son ombre au sol.
Io la recroquevillée
aux yeux si écarquillés
qu'ils voient la nuit percer dans le noir.
Io qui se hurle à elle-même
en se frappant les côtes
d'un coup d'oeil tordu
comme des rides sur la peau.
Je me souviens de Io.

Puis je me souviens de Neptune
celui ou celle qui m'appelle encore
toujours
un appel comme une scie qui vibre contre l'archer
une longue note qui se tord
s'érige et se plie lorsqu'un songe apparaît
mais jamais ne se coupe, comme nous
du moins le fûmes
et souviens-toi encore, Neptune.

Et je me souviens de Saturne
qui m'ignore
à la manière d'un sage.
Je passe ma main sur son front
anguleux et râpé, mais calme
et tente de l'embrasser pour mieux
traverser
mais je ne puis qu'en conclure
que nous nous souviendrons de Saturne.