Nous sommes, mes amis, mes frères
comme la fine droite de lumière qui
transperça l'air
ce matin
et vint mourir en mes yeux
nous sommes
infiniment longs
et infiniment petits
en ces temps qui nous écrasent.
Devant nos paupières, lorsqu'on veut bien les fermer
se tient la dernière falaise sur la côte orageuse
fière d'être à bout, et ridée de fierté.
Que pouvons-nous
alors
?
Ressentons-nous
à peine au travers des vagues
les cieux apaisés
sans pli
souriants
?
Fondons,
et accrochons
des drapeaux
de couleurs au rocs qui
nous tendent ostensiblement les bras
dans notre chute finale
qui disent en lettres d'argent
"Bénis, bénis,
soyez pardonnés là où nous ne le fûmes
pas, soyez
à jamais bénis.
Puissions-nous un jour
vous revoir
en rire, en parler,
nous avons chû
vous avez vécu
et la grâce de nos maîtres
vous revient.
Nul espoir n'est perdu.
Nul espoir
n'est perdu. "