en mal de mer
18.11.2020
en mal de mer
j'arpente le sable écumant.
à mes tympans fouette un vent vrillé
ma voix enrouée
éteinte
car là-bas
les strates de nuages s'empilent
et la tourmente s'amplifie
les torrents ivres de rage sourde
battent
la guerre, tambours
la colère, labour.
émerge la pointe acérée
la plus haute tour dont l'aiguille siffle
du son des malmenés.
mes pieds se sont enfoncés
le magnétisme de la chape de plomb
m'écoule
elle m'avide elle m'arrime.
le corps du noyé est baladé par un milliard d'embruns
mais la main agrippée aux roches figée le retient.
ses yeux fouillent les profondeurs
et la mort qui s'échappe de sa bouche vient sonder les abysses.
un ravin où rien ne pousse
qui pourrait contenir un monde.
le ciel mouvant miroitant distillant des ricochets
d'immenses lueurs qui ne dévoilent plus rien.
niché si froid si profond
l'édifice introuvable attire pourtant son regard.
c'est ça qu'il cherche
et quand il l'aura trouvé
il éclatera dans une multitude de bulles d'un long rire
et sa joie éclora si haut
qu'elle calmera les vents
réchauffera les cœurs
et on dit que les égarés
levant les yeux de leurs froids trottoirs
sans trop savoir pourquoi
porteront un instant son hommage.