Gorge serrée.
Étalement de peine, yeux qui papillonent
souffle court comme la pensée.
C'est les regards perplexes
c'est la fatigue
c'est les grands films qu'on s'est fait
les longues soirées qu'on s'est tapées
mais plus que ça
c'est le Bien
c'est le Mal
c'est l'histoire qui nous a mis là
la force qu'on avait
celle d'aimer
qu'on a plus, qu'on a perdu
qui nous a échappée parce qu'un matin
on s'est réveillés
on s'est regardés et on a vu l'un dans l'autre
le plus piteux des acrobates
un oisillon naissant transformé en iguane immonde
c'est le pro c'est l'anti
le para le post le neo l'alter
qui nous mire dans les pupilles
pour nous convaincre de ses iris aqueux.

C'est la honte qu'on sême
qu'on ramasse en trainant nos haillons blancs rayés noirs.

Ça fait de moi un type qui caresse des idées
dans le fond de sa grotte, dans un coin de l'allée
ça fait de moi le placide - ou ça le fera bientôt.

Alors je prie de ne plus jamais prier.
Je prie pour que subsiste cette ardeur
ces mots qui vomissent
cet entrechoc entrelaçé
cet imparfait qui m'inonde
qui me couvre de poils

alors je serais l'auroch
le golem
le berserk
l'atteint
que cette honte me donne encore fierté
et de fierté je ferais festin
dix tables, mille chaises
cent plats et de la viande
sanguinolante en dessert

on se jettera des coups
au nom des séries pourries
du temps perdu
des grands regrets

ça fera de nous des sans-noms
avec des casques en fer
et des coeurs volants.